Lentz
"Ta S"






1er Septembre 1965



Mon petit chou adoré,

Depuis ce matin, me voici donc aux "Champignoux". Il pleuvait à verse pour venir, mais cela ne nous a pas empêché de bien nous promener déjà cet après-midi. J'ai même vu dans la forêt en rentrant ce soir trois chevreuils ... Mes amis ici sont extrêmement gentils pour moi et on me gâte comme un coq en pâte ...

Hier soir, j'ai reçu à Tours 4° letre réexpédiée du Puy. Il aurait été dommage que celle-ci se perde ... Elle est merveilleusement belle et je ne me lasse pas de la relire ... Elle constitue pour moi un véritable talisman d'amour et chacun de ses termes résonne joyeusement dans mon coeur ennivré ...

Je suis contente que tu aies pu passer 2 jours chez ton camarade ; cela t'aura changé un peu et vous aurez certainement été heureux de vous retrouver après si longtemps ...

Moi aussi mon amour, je voudrais vivre avec toi continuellement, tu penses bien ... Quel merveilleux enchantement serait, pour moi, la vie à tes côtés ... Hélas, il nous faut nous contenter des moments dont nous pouvons disposer ... Mais mon amour pour toi est assez puissant pour savoir les attendre, ces moments dont je retire toujours un perpétuel bonheur et une ivresse sans fin...

Tu représentes pour moi tant de choses ; tu es si supérieur à tous le monde que la médiocrité recule à ton approche. C'est pour cette raison que le sentiment qui nous unis ne doit pas souffrir de médiocrité, lui non plus et qu'il doit être unique.

Nous ne sommes pas mariés légalement, mais dans le fond de mon coeur, tu es mon mari, un mari que j'adore et que jamais je ne tromperai. Puisque la vie a voulue qu'un de nous deux seulement soit libre lors de notre rencontre et que ce soit moi, je te l'offre cette liberté, ne voulant plus vivre que pour toi et par toi ... Tu es l'unique souci de mon existence, l'objet perpétuel de mes pensées ...

Je pensais que tu devais repartir de là-bas le 2. Sans doute me suis-je trompée puisque tu me parles du 3 sur ton avant dernière lettre. J'espère que ton voyage se sera bien effectué, mais tu m'enverras sans doute un mot dès ton arrivée pour me rassurer.

Bientôt, maintenant, je te retrouverai ; bientôt je goûterai de nouveau sur mes lèvres, la chaleur de tes baisers et la force de ta tendresse et nous serons de nouveau l'un à l'autre dans l'ivresse d'un amour grandi encore par la souffrance de la séparation.


Je t' aime



M.A.