Lentz
"Ta S"






Lundi 6 Septembre 1965



Mon cher amour,

Deux lettres de toi aujourd'hui : la dernière de Pula et le petit mot écrit en route et posté samedi à Clermont. Une lettre, la 7° ne m'est pas encore parvenue. Je l'aurais sans doute un de ces jours.

J'ai donc repris le travail ce matin. Cette reprise ne me pèse pas ; je la préfère à l'ennui de rester toute une journée chez moi. Maintenant, je sait que tu n'es plus si loin de moi et que ton retour est proche. Je vis donc dans l'attente de ce jour heureux qui nous réunira de nouveau.

Je tremble à la pensée des dangers que tu as courus ... Heureusement qu'il ne t'est rien arrivé ! Que serais-je devenue sans toi ; j'aurais été te rejoindre immédiatement pour sûr ...

Hier dimanche, comme prévu je suis allée passer la journée à Déresse. Mais je souffrais d'une telle migraine que je suis revenue de très bonne heure et qu'à 19H, j'étais au lit. Ce matin le mal de tête était envolé.

Il ne fait pas beau ici non plus ; samedi, j'avais même allumé du feu et je pensais en souriant, à mon "réchauffé" qui aurait eu trop chaud. J'ai aussi remis la couverture chauffante sur mon lit mais je sais que dans quelques jours, elle sera "bousculée" et que je la retrouverai par terre avec le reste des draps et du couvre pieds ... Comme je voudrais que ce soit déjà ce soir ...

J'ai pu parler un peu de toi avec mon amie de Déresse qui te connaît et qui est si gentille. Je lui ai promis que nous reviendrions un soir. Elle était bien contente que j'y sois allée, car ses dimanches sont aussi "solitaires".

Il me reste 2 photos à tirer sur mon film. Je pensais les faire aux "Chamignoux", mais il faisait si mauvais qu'il n'en a pas été question.

En attendant de connaître le jours de ton retour, je t'écrirais journellement. J'ai l'impression ainsi d'être près de toi malgré la distance qui en fait a déjà bien diminué.

Mon amour, jamais je n'aurais pu croire que quelqu'un serait capable d'occuper ainsi mes pensées, au point de reléguer à l'arrière plan tout ce qui me semblait, autrefois, préoccupation essentielle ... En dehors de toi, plus rien ni personne ne compte et fort serait celui ou celle qui arriverait à me détacher de toi ...

Toi et moi formons un bloc invulnérable, aussi puissant que le monde, aussi inaccessible que lui.

Je t'aime Roger chéri, de toute mon âme


M.A.