Lentz
"Ta S"






Le 8 Septembre 1965



Mon cher amour à moi,

Si donc tu rentres samedi, cette lettre sera la dernière de ces interminables vacances ...
Enfin, je vais te revoir, pouvoir te serrer contre moi, t'aimer comme j'ai envie de le faire depuis bientôt un mois.

J'étais si heureuse de t'entendre de nouveau hier soir ; l'audition était bien meilleur que l'autre jour. Seulement, je suis tellement troublée lorsque je t'entends que je ne sais plus que dire et que je reste comme une idiote devant cette appareil, à boire tes paroles ...

Tu me disais avoir mal à la gorge ; j'espère que tu te sera soigné et que ce n'aura pas été grave. Le temps est si bizarre qu'il est bien facile de s'enrhumer. Ici, ce matin il faisait très beau ; ce soir le soleil s'est caché et il va de nouveau pleuvoir.

Mais ces considérations idiotes sur le temps ne peuvent nous intéresser, sauf bien sûr lorsque cela devient grave et que, comme l'autre jour, il y a des risques importants à se déplacer. Je me suis assez fait de souci lorsque je te savais sur les routes dangereusement inondées.

Plus que trois jours à passer, maintenant avant de te revoir ... Ce mois aura compté pour moi comme une année tellement il aura été long à passer. Enfin, le pire est fait maintenant, il n'y a plus que quelques heures à patienter et de nouveau nous serons réunis!

Je reverrais tes yeux dont la lumière me hante jours et nuit et qui me troublent toujours comme encore au premier jour...

Peut-être as-tu remarqué comme moi que souvent, dans nos correspondances et sans nous consulter, nous emettons les mêmes idées, même des fois nous employons les mêmes termes. N'est-ce pas là le signe d'une entente parfaite, de sentiments absoluments identiques ? Quel dommage que nous ne puissions vivre ensemble toujours, notre amour réciproque et si puissant nous garderait de toutes les embûches auxquels sont soumis les couples ordinaires.

Mais puisque nous ne pouvons avoir ce bonheur immense, il faut que nous fassions, des heures qui nous sont données, une suite ininterrompue de joies afin que nous puissions lorsque les circonstances nous empêcheront d'être ensemble, revivre ces heures en pensée et que leur souvenir se présente à notre esprit sans aucune faille...

A bientôt donc, amour immense de ma vie. Tout ce que nous avons enduré durant cette séparation s'effacera dans notre première étreinte qui nous jettera l'un contre l'autre dans un désir éperdu de bonheur.


M.A.