Lentz
"Ta S"





Pierrechite 14/9/67



Roger chéri,


J'ai été à la fois heureuse et peinée de recevoir ta lettre. Oui, très contente de te savoir arrivé à Clermont sans incident, mais attristée de te savoir fatigué. Oui Roger chéri, je sui inquiète pour ta santé, mais j'espère de tout coeur que ta fatigue ne sera que passagère. Et moi je suis ici, sans pouvoir faire quoi-que ce soit, même pas te réconforter. Comme la vie est méchante ; nous séparer si rapidement. Mais j'ai confiance chéri et toi aussi j'en suis sûre. Dis moi ce que t'a dit le docteur ! Penses tu vraiment que ce soit une fatigue dûe à ton surmenage (vacances sans repos, puis ton déménagement) ou seulement tes nerfs qui sont à bout. Peut-être notre éloignement n'a rien arrangé. Si c'est une grande fatigue fais toi faire une analyse de sang afin que ton médecin ne te signe pas à ta façon. C'est certainement une bonne base. As-tu besoin de repos ? Je sais que pour toi demeurer enfermé dans ton appartement ne serait pas une bonne solution. Pour le moment je parle vraiment dans l'inconnu, mais j'espère que tu vas me rassurer le plus rapidement possible.

Roger chéri, je m'ennuie terriblement de toi. Et quand je pense que je vais retourner au bureau sans espoir de te voir ...... . Tu ne peux te rendre compte de la place que tu occupe en moi ; et j'en suis ravie. Cependant je te connais depuis très peu de temps et je sais que tu es bon et que pour mmoi tu es tout. Je ne pense pas te l'avoir dit, j'ai annulé mon voyage à Paris pour te consacrer tous nos jours qu'il me restera.

Dis-moi mon chéri ton horaire de travail, car la semaine dernière je voulais te téléphoner, mais j'avais peur de ne pas t'y trouver. Oui, tu sais, j'ai eu ta lettre seulement mardi alors je commençais à trouver le temps long. Hier mercredi Michelovitch est venu déjeuner à la maison. Nous avons parlé de toi. Tu avais raison, enfin maintenant le voilà rassuré puisque tu n'es plus là, mais il ne se doute pas que tu es parti avec la plus grande partie de moi-même.

Mon Roger chéri, si tu m'écris dans la semaine prochaine, envoie moi la lettre poste restante. Si tu m' a écris au bureau, la lettre me parviendra quand même.

Roger chéri, je te quitte pour aujourd'hui en t'embrassant bien tendrement. Ta S chérie qui pense à toi.

Je t'aime


"S"


P.S. : Je ne peux pas t'envoyer ta photo, car je ne peux me séparer de toi. Tu es dans mon portefeuille. Que vas-tu faire de moi ?