Lentz
"Ta S"






18 août 1965



Mon amour à moi,


Je viens de poster ma première lettre et j'éprouve déjà le besoin de t'en faire une autre. J'avais tellement l'habitude de te parler plusieurs fois par jour que je me trouve toute désemparée de ne plus t'avoir en face ou à côté de moi.

Le temps n'est pas des plus brillants mais il permet les promenades aux alentours, en voiture d'abord, à pied ensuite. Lorsque je vois ces sous-bois magnifiques, je regrette une fois de plus que tu ne sois pas avec moi. Nous serions si bien, là, tous les deux et je ne me lasserais pas de m'appuyer contre toi, de plonger mon regard dans le tien, de t'embrasser de toute la force de mon amour pour toi.

Ce soir nous avons l'intention de nous rendre en altitude où s'il fait beau, je prendrai les premières photos avec l'appareil que tu m'as offert. J'ai emporté avec moi toutes les choses qui me viennent de toi et qui me sont si chères, justement parce que c'est toi qui me les a données.

Ma lettre d'hier était certainement décousue, car je l'ai faite en pleurant. Tu vois, je ne suis pas raisonnable, mais je ne suis pas non plus maîtresse de mes sentiments. Tu as pris une telle place dans mon coeur, que plus rien d'autre que toi n'existe plus à mes yeux et que je ne trouve plus de charme à rien hors de ta présence. Les jours se traînent lamentablement, trop lentement hélas. Je voudrais faire comme les taupes, m'endormir et ne me réveiller que lorsque je te reverrai.

Quand recevrai-je ta première lettre ! Je n'ose l'espérer avant la fin de la semaine ou peut-être seulement au début de l'autre, hélas ...

Pour penser le moins possible, je tâche de dormir longtemps le matin. Je n'y arrive pas toujours, car dès que j'ouvre les yeux, tu es de nouveau là et je me remémore sans cesse tous nos rendez-vous, toutes nos rencontres ; tes paroles résonnent à mes oreilles comme si tu venais de les prononcer. Tes yeux, ceux-là surtout, je n'ai qu'à fermer les miens pour les voir, immenses et profonds, remplis d'amour et quelque fois de tristesse comme le dernier soir où je les ai vus.

Chéri, il m'est impossible de mettre sur le papier tout ce que je ressent pour toi. Sache seulement que tu es devenu la seule joie de mon existence et que je pourrais plus, maintenant, l'envisager sans toi, sans ton amour, sans tout ce qui nous unis depuis six mois.

Je suis à toi, rien qu'à toi, mon amour, pour toujours !
M.A.