Lentz
"Ta S"






20 août 1965



Roger chéri


Combien j'ai été heureuse, ce matin, en recevant ta première lettre ... Je ne l'attendais pas si vite et ma journée en est tout illuminée ...

Si tu savais comme tu me manques. I l me semble que la moitié de moi-même est partie avec toi ... L'autre moitié se débat lamentablement pour essayer de passer le temps en attendant ton retour. Jamais vacances ne m'ont paru aussi tristes et aussi longues...

J'ai hâte de savoir si mes lettres te seront parvenues. Celle-ci est la troisième que je t'écris "poste restante". Moi aussi, je dors autant que je le peux et je me lève tard le matin.
Dire que si tu étais auprès de moi les journées s'écouleraient bien vite, trop vite, comme les quelques-unes que nous avons passées ensemble.
Mais nous en auront d'autres, mon amour, et nous nous aimerons plus encore qu'avant. Cette séparation nous aura encore rapprochés car, comme l'a écrit je ne sais plus quel poëte :
"L'absence est à l'amour
Ce qu'est au feu le vent
Il éteint le petit
Il allume le grand."
Je ne crois pas que notre amour puisse se ranger parmi les petits. Je sais pour, ma part, que je t'aime davantage tous les jours et que tu m'es devenu aussi nécessaire que l'air que je respire.

Depuis notre séparation, je n'arrête pas de regarder ta photo qui ne me quitte pas ... Tu es si beau, mon chéri et c'est tellement toi que je ne me lasse pas de te contempler.

Je ne veux plus qu'aucun nuage, si minuscule soit-il, vienne obscurcir les heures que nous passerons ensemble. J'aurai trop souffert de cette séparation pour ne plus voir, ensuite, que le bonheur de te retrouver et de croir en toi ...

Il y aura 8 jours ce soir que nous nous quittions. Cette première semaine a été terrible. Peut-être maintenant, avec des nouvelles aurai-je davantage de patience et de courage.

Ce soir, je m'endormirai avec ta lettre sous mon oreiller et je penserai aux soirs où tu étais auprès de moi, à nos heures de tendresse, celles de folies aussi, que nous fernt encore plus passionnées lorsque nous nous retrouveront.

Prends-moi dans tes bras et embrasses-moi, j'ai besoin de ta tendresse.

Je t'aime mon amour, de toute la force de mon coeur terriblement épris de toi
M.A.