Lentz
"Ta S"






23 août 1965



Mon cher amour,


Malgré que je t'aie posté une lettre ce matin, je viens encore, ce soir bavarder avec toi. Je ferais partir cette missive, demain, de Clermont, où je vais passer la journée.

Peut-être le soir, en rentrant, trouverai-je d'autres nouvelles de toi. Je ne me lasse pas de te lire et de savoir que tu penses à moi et que je te manque aussi.

Quelle épreuve aura été cette séparation. Et nous ne sommes pas au bout, hélas. Il n'y a que 10 jours ce soir que nous nous quittions. Je n'ose pas penser au nombre de ceux qui restent encore avant que nous nous revoyons ...

Mais il ne faut pas toujours que je me plaigne. Ce n'est pas cela qui changera la face des choses.

Lorsque nous nous promenons et que nous croisons des 404 comme la tienne, je ne peux m'empêcher de regarder le numéro dans l'espoir idiot et insensé que ce soit le tien ... Tu vois bien que je deviens complétement "ratatinée". Je te cherche partout, c'est ma véritable idée fixe. Nous nous sommes cherchés longtemps avant de nous trouver, mais maintenant que c'est fait, je crois que rien ni personne ne pourra nous séparer.

Ma cousine, la seule qui soit là en ce moment, à repris son travail ce matin. Je suis donc seule, la journée, avec mon oncle, jusqu'à vendredi ou samedi, date prévue pour le retour de son autre fille et de sa petite fille.

Les journées sont donc plutôt calmes et je les passe à écrire, lire et même tricoter. Ce n'est des fois pas folichon, mais je fais comme toi, je tue le temps comme je peux. Le plus souvent je rêve et je n'entends même plus ce qui se passe autour de moi.

Je nous revois ensemble, partout, en promenade, dans la rue ou chez moi. Ta présence à mes côtés est un perpétuel enchantement et un plaisir toujours renouvelé. S'il me fallait, maintenant, renoncer à toi, je ne pourrais pas le supporter, je le sais.

Mais je sais aussi que ton amour égale le mien et que notre entente est parfaite. Nous combattrons ensemble, du mieux possibel, les obstacles inévitables et je suis certaine que nous triompherons toujours, grâce à cette force invincible qui nous habite tous les deux.

Je t'aime mon amour chéri, et je voudrais, déjà, être au moment où nous nous retrouverons où, de nouveau, je pourrai te serrer tout contre moi et où plus rien n'existera que nous deux et notre amour
M.A.