Lentz
"Ta S"






28 août 1965



Roger chéri,


Cette lettre, qui sera la dernière que je t'adresserai en Yougoslavie, ne sera pas très longue, car je n' ai pas de courage. Une troisième journée, le courrier ne m'a rien apporté de toi et je souffre ... Je me retiens pour ne pas téléphoner à la maison et savoir s' il n'y a pas une lettre là-bas... Mais je crains une nouvelle déception et je préfère attendre.

Comme déjà dit, je partirai d'ici lundi matin. Toi, je pense que ce sera le 2 que tu seras sur les routes. Sois prudent mon amour, ménages-toi pour moi qui ai tant besoin de toi.

Il ne fait pas beau. "Il pleut sur la route comme il pleut dans mon coeur" a écrit Verlaine et cette phrase s' applique bien à moi aujourd'hui. Je ne sortirai pas cette après-midi ; en fin d'après midi seulement, je dois aller au Puy pour y voir une 3° série de cousines.

Mais tout et tout le monde m'ennuie ; je ne pense qu'à toi et ce manque de nouvelles ne fait qu' aviver mes regrets d' être séparée de toi.

Au revoir, chéri, ma prochaine lettre sera adressée à Clermont.

Je t' adore



M.A.